La Petite Ourse

La Petite Ourse est une villa emblématique de Malmousque. Nichée sous nos yeux, presque à notre portée, son aura si forte avec sa couleur jaune immaculée vient imprégner la mémoire de tous ceux et celles qui l'entrevoient. Comme un hommage aux fantasmes et rêves qui s'accrochent à la Petite Ourse ainsi qu'aux souvenirs qu’elle stimule, la première exposition personnelle de Deniz porte son nom.

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En effet, le thème du souvenir est au coeur du propos de l'artiste. Chaque tableau est comme une ouverture sur un paysage intérieur ou un souvenir lointain presque effacé de la Méditerranée qui accompagne et nourrit son imaginaire depuis l’enfance. Deniz travaille en série, et à la manière de la rédaction d’un journal intime, il donne aux tableau un titre qui évoque le jour et et le lieu où ils ont été confectionnés, précisant le souvenir de l'endroit que l'oeuvre rappelle en lui.

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La pratique picturale de Deniz BEDIR, physique et éreintante, rend hommage également aux métiers du bâtiment, l'un des premiers secteurs d’emploi de la diaspora turque en France. Au moyen d’un unique platoire et d’enduit teinté avec pigments, l'artiste s’abandonne énergiquement à la spontanéité du geste. Comme en référence aux derviches tourneurs, un geste en amène un autre. Deniz se meut autour de la toile; et dans un état de presqu'hypnose, saisit la matière sur le vif. Ainsi, sur de grands panneaux en bois sont appliquées des volutes onctueuses de couleurs, mélangées à frais, qui mettent plusieurs jours à sécher. S'ensuit un travail de relecture ou Deniz vient poncer la surface plusieurs jours d'affilée, venant sublimer le geste et la couleur, et faire émerger de nouvelles strates, tel un archéologue.

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La taille des oeuvres et leurs surfaces invitent ainsi le spectateur à se déplacer autour, à se rapprocher, pour apprécier d’une part les remous de couleur, les variations de relief, mais aussi la fragilité de la matière, les bulles et les fissures du plâtre. La tension entre puissance du processus pictural et fragilité in fine de l'oeuvre rappelle également les stèles et ruines grecques d'Ephèse en Turquie. Comme une stèle d'un temps jadis, les œuvres de Deniz Bedir demande du soin et de l'attention, et amènent à la méditation contemplative. Ainsi, le Lucid Interval est un lieu de choix pour recevoir les œuvres de l'artiste. Les parois brutes et l'architecture dépouillée du lieu amènent à une réflexion sur la matière et la fragilité de la pierre. De plus, l'aspect intimiste du lieu rend propice la contemplation et la réflexion, accentué par le puits de lumière zénithal au bout du couloir.

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À l’occasion de différentes soirées, des musiciens viendront jouer dans l’espace d’exposition. Cela traduit une triple volonté: celle de proposer une réflexion entre arts visuels et musique ; de venir s’approprier l’espace d’exposition et de brasser des publics différents ; celle de mettre en avant des collaborations amicales, le commissaire comme l’artiste ayant des appétences musicales dues à leur parcours professionnel et de vie.

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Paulo Iverno